APPEL À COMMUNICATIONS
Penser, documenter et lutter contre les injustices/inégalités épistémiques : Regards croisés
Vous êtes invité.e à soumettre une proposition de communication au colloque scientifique intitulé « Penser, documenter et lutter contre les injustices/inégalités épistémiques: Regards croisés ». Organisé par le Centre Interdisciplinaire de Recherche sur la Citoyenneté et les Minorités, Université d’Ottawa (CIRCEM), ce colloque interdisciplinaire aura lieu les 13 et 14 mai 2024 dans le cadre du 91e Congrès de l’ACFAS « Mobiliser les savoirs en français ».
Ce colloque invite une réflexion interdisciplinaire sur les injustices épistémiques—réflexion que l’on souhaite aborder sous divers angles (théorique, méthodologique, pratique, empirique). Champ de recherche fort dynamique, cette littérature s’intéresse aux diverses inégalités et injustices liées à l’acquisition, au partage et à la reconnaissance de certains savoirs, et aux liens étroits entre ces inégalités et les rapports de pouvoir. Elle tente en outre de saisir comment les préjugés négatifs ambiants (e.g. sexistes, âgistes, capacitistes, sanistes, racistes, classistes) affectent la crédibilité accordée aux savoirs de certains groupes, mais aussi à réfléchir aux moyens de pallier à ces déficits de crédibilité et à la marginalisation. Bien que de nombreux écrits féministes et décoloniaux aient précédemment exploré certaines facettes des phénomènes en question, l’ouvrage phare de Miranda Fricker, Epistemic Injustice (2007), a donné un cadre analytique bien défini au sujet – un cadre repris, critiqué et amendé par plusieurs chercheurs et chercheuses dans la dernière décennie. L’importance et la pertinence de ce corpus sont considérables pour les sciences sociales, car ils soulèvent des enjeux complexes sur nos façons de produire des connaissances. Comment produire des connaissances avec les personnes et les communautés étudiées? Comment bien reconnaître les différentes formes de savoirs? Et comment réfléchir sur les inégalités produites par ces nouvelles connaissances?
Ce colloque sera l’occasion de réfléchir à la contribution de la recherche en langue française sur ces enjeux, qui ont surtout été pensés dans la tradition critique anglosaxonne et celle du Sud Global. Ce questionnement s’inscrit directement dans la mission du CIRCEM, qui a pour mandat de mobiliser les savoirs dans la tradition du monde intellectuel francophone et de réfléchir aux rapports sociaux des groupes minoritaires et minorisés. Ce colloque sera aussi l’occasion de présenter des communications individuelles sur les injustices épistémiques et de participer à des tables rondes afin de susciter une réflexion collective et résolument interdisciplinaire sur ces enjeux. Nous accueillons les communications issues de la sociologie, de l’anthropologie, de la géographie, de la philosophie, de la littérature, des sciences politiques, des études féministes, du travail social ou tout autre champ disciplinaire pertinent. Nous sollicitons des propositions de communication autour de trois grands axes thématiques interreliés :
1. Concepts, enjeux théoriques et alliés
Au cœur de cet axe se trouve la question des réflexions théoriques sur les concepts régulièrement employés dans ces recherches, ainsi que sur des concepts connexes (e.g. déni de reconnaissance, violence ou oppression épistémique, mort sociale, injustice vs. inégalité épistémique). On pourra également considérer les apports de littératures « alliées » ou de sous-champs de recherche jusqu’à maintenant relativement peu sollicités (par ex., les études ‘Mad’, les pédagogies radicales). Parmi les concepts qui pourraient être objets d’une réflexion interdisciplinaire, on compte par exemple : réparation épistémique; justice cognitive; humilité épistémique; extractivisme, etc. Nous encourageons aussi la soumission de propositions de communications sur les inégalités épistémiques liées à la classe sociale, à l’âge et à la langue, car si de nombreux écrits ont souligné l’importance d’une perspective intersectionnelle sur les injustices épistémiques, ces trois vecteurs de marginalisation des savoirs ont été quelque peu négligés.
2. Enjeux méthodologiques. Inégalités/injustices épistémiques et la recherche en sciences sociales
Les injustices épistémiques s’inscrivent très tôt dans la modélisation d’un projet de recherche, car choisir de jeter la lumière sur un objet ou un sujet particulier conduit nécessairement à créer une part d’ombre. La production de connaissances va en effet de pair avec un processus de production d’ignorance qui se répercute à toutes les étapes de la recherche: de la formulation de la question jusqu’à la restitution et à la mobilisation des connaissances. Nous invitons ici les chercheur.es à présenter leurs réflexions sur les enjeux d’injustices et d’inégalités épistémiques dans la production de la recherche empirique. Quels sont les enjeux de la recherche collaborative auxquels ils et elles font face? Des outils de production de données ont-ils été développés pour favoriser l’inclusion de populations invisibilisées? Comment penser la mobilisation des connaissances pour assurer une plus grande justice épistémique?
3. Interventions, études de cas et action
Étudier les injustices épistémiques sur le terrain va de pair avec une réflexion d’ordre conceptuel et méthodologique. Un intérêt pour les injustices épistémiques peut en effet émerger à partir d’expériences personnelles des chercheur.es ou, de manière plus indirecte, à travers des études portant sur d’autres thématiques, ou de recherche d’actions menées par des groupes ou des communautés. Ainsi, cet axe s’intéresse aux nouveaux enjeux et aux nouvelles questions qui peuvent être mis en lumière et aux nouvelles théories et perspectives qui peuvent être développées sur la base d’expériences uniques ou spécifiques vécues. En effet, les recherches sur les injustices épistémiques soulèvent des questions éthiques et morales complexes concernant le besoin d’agir et/ou de mettre en place des interventions et les responsabilités des chercheur.es face aux communautés ou groupes avec qui ils et elles travaillent.
Si vous désirez être des nôtres, nous vous invitons à déposer une proposition de communication d’ici le 1er février 2024. Votre proposition doit inclure : un titre de 180 caractères maximum, espaces compris; la liste des autrices, auteurs et des co-autrices, co-auteurs (prénom, nom, statut, institutions); les adresses courriel des autrices et auteurs; un résumé de 1500 caractères maximum, espaces compris (police Arial 12 pts, interligne 1.5, marge 2 cm); 4 à 5 mots-clés; quelques références bibliographiques. Nous vous invitons aussi à intégrer les éléments suivants, lorsque pertinent et selon votre discipline : problématique générale, objectifs de recherche, cadre théorique, méthodologie et contributions.
Notez que ce colloque se fera en présentiel, sur une période de deux jours (le 13 et 14 mai). Nous envisageons des communications de 15 minutes avec une période de 10-15 minutes pour les questions. Nous nous tenons à votre entière disposition pour tout renseignement complémentaire concernant ce colloque. Nous vous invitons à soumettre votre résumé de communication à l’adresse suivante: circem.acfas@gmail.com.
Comité organisateur
Sophie Bourgault, professeure agrégée, Études politiques, Université d’Ottawa Stéphanie Gaudet, professeure titulaire, CIRCEM, Université d’Ottawa
Alexis H Truong, professeur agrégé, Criminologie, Université d’Ottawa
Luisa Veronis, professeure titulaire, Géographie, Université d’Ottawa
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